Translate

Wellington : 2 - Le vent et la vallée

Au cours de ce voyage, nous voulions voir la Nature, dans son intimité, toute sa diversité. A dire vrai, c'était une idée sûrement venue des lectures ou d'images déjà vues en somme un cliché. Le mot "île continent" pour l'Australie m'avait alerté mais ici en Nouvelle Zélande c'est très différent; nous sommes sur une île d'une autre dimension. En apparence, tout y est calme à la ville comme la campagne. Le tout animé par le vent.



Autour des maisons beaucoup d'arbres de toutes les essences, paradis des oiseaux. Mais dès que vous quittez la ville c'est encore plus surprenant. En laissant Fadi , nous voulions aller au Musée mais la météo semblait dire que demain il pleuvrait, alors on est parti faire le tour de la baie vers Wainuiomata. Je ne sais pas comment travaillent les cartographes d'ici mais en France chaque carreau est bien plus petit. On pense que c'est tout prêt, bernique, pas la porte à côté.

Petone, Lower Hutt, vous connaissez, on a cherché le bout du monde qui nous intéressait: Rimutaka Forest. 




Poussés par un vent à décorner les boeufs, j'ai roulé un peu vite et Françoise a râlé. Je prends confiance à la conduite à gauche, je suis bien moins stressé. Elle sur le côté, n'a pas la même idée... A droite, dans la vallée les arbres tentent de résister au vent qui veut les faire tomber. Pas loin de 40 noeuds ça commence à compter. Mais le spectacle est de l'autre côté. Sur les pentes des rochers on va parler du bush, on ne sait pas le nommer. Un ensemble inextricable de plantes très variées, les unes lisses pour vous laisser passer et les autres qui piquent pour vous en empêcher.






Cette Nature présente à nos yeux l'âme de ce pays. Il a vécu tout seul pendant des décennies et tout d'un coup les colons ont débarqué. Ceux qui venaient d'Ecosse voulaient de la bruyère et des genêts. Il les ont amenés. Et comme par hasard ils se sont plus ici et ont alors foisonné. Les monts sont ainsi habillés de jaune pour le reste de leur vie. 



L'impression est étrange et pour mieux s'habituer il faut s'arrêter. D'un coté les cèdres séculaires, chantent sous les bourrasques de vent qui veulent les plier. Les plus vieux sont malins ils ont trouvé la coupe de leur destin. Ils sont taillés comme des paquebots et se sont inclinés pour laisser Eole passer son chemin



Je ne sais pas nommer ce torrent de verdure qui dégringole des sommets alentours. On dirait de la lave qui coule d'un volcan avec le même bouillonnement. Tout d'un coup incongru un sapin mieux nourri fait le beau pour rappeler qu'il vient de l'hémisphère Nord et qu'il est bien ici.

Les yucas sont comme jamais vus. Eux sont nés ici depuis bien plus longtemps et ne veulent en aucun cas laisser la place aux arbres immigrants. Ils ont des troncs aussi gros que des chênes et semblent dire aux autres qu'ils ne s'en iront pas. 






Dans tout cet entrelacs la fougère domine, c'est l'arbre du pays. Elle lui donne la vie et sa philosophie. On dirait des palmiers, toujours bien protégés, le vent n'arrive pas à les courber. On dirait qu'au cours des années les feuilles mortes se sont agglutinées pour en tresser le tronc et le solidifier.

Au bas de la colline, pour mieux déparer, les prés ou le long des fairways, les cèdres aux troncs noués semble toujours blessés. Leurs branches sont torturées comme s'ils avaient souffert d'être plantés sur cette terre où ils ne sont pas nés. Ils semblent importés. Ils ont été taillés mais chaque fois redonnent des bouquets. Leurs corps gris ébranchés lancent les bras au ciel en autant de statues d'art contemporain dont le sculpteur aurait perdu la tête et le sens de l'humain.



Le vent pousse toujours et de plus en plus fort. Les troupeaux de bovins succèdent à tous ceux des ovins. Éparpillés dans les près , les moutons sont couleur de leur herbe qui avec l'été a fini par sécher. On ne sait pas si elle est salée mais ils n'ont pas de mal pour la brouter sans arrêt. Même si on s'arrête ils ne lèvent pas le nez. La laine sur leur dos est si épaisse qu'elle leur fait une carapace comme pour les chevaux des picadors dans une corrida.




 












On avance encore et les arbres ont laissé sur le dos des collines une toison desséchée.  Elles commencent à s'incliner vers l'océan. Et tout d'un coup il apparaît au détour d'un tournant. Le vent animé de milliers de montons qui semblent gambader. L'écume montre bien que le vent est très fort; au confins des courant l'eau est soufflée et fait un beau brouillard. C'est l'écume du temps qui file avec le vent.





Moment privilégié sur cette côte du bout du monde, on est tout prêt du pôle; il fait beaucoup plus frais. Un pêcheur esseulé laisse traîner sa ligne comme je fais pour la truite quand le courant est trop fort. Pendant qu'il prend son pied, son amie est couchée à l'abri des rochers pour ne pas s'envoler. Les nuages courent à vitesse grand V et  dessinent sur l'eau des radots sombres qui filent vers le sud. Là pour prendre une photo, il faut bien s'appuyer , Eole est déchaîné , il veut nous faire tomber.



Lui,  face à la mer,
attent stoïquement que le vent se calme...







Heureusement ce matin je suis passé chez le coiffeur, je n'ai pas les cheveux dans les yeux. On va se retourner pour visiter le golf sur le bord de la route. Il paraît seul comme un parc au milieu de la vallée.  Les fairways serpentent entre la rivière et les cèdres affolés par le vent déchaîné.

Le moment de rentrer pour revoir tout cela et mieux vous en parler...

Michel Prieu


Facebook: Michel Prieu

Mail: michelgolfpassion@gmail.com


Photos : francoise.devillechabrolle@gmail.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire