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Nouvelle Zélande, que nous as-tu appris?



Comme chaque fois des rencontres et des gens. En premier lieu des français, Patrick parti pour enseigner la langue française et faire rayonner un peu plus l'esprit de notre pays. Sébastien parti un peu dégouté de ce qu'il voit dans son pays aujourd'hui. Il vient si loin trouver son chemin...

Puis petit à petit en s'enfonçant dans le pays une philosophie, complexe, mais tournée vers la vie.

D'abord une mixité dans la Nature même. Les plis du sédiment du plateau australien se sont trouvés complétés par les volcans qui ont modifié et modelé la forme des îles. 

Ile du Pacifique, ses premiers habitants vinrent de Polynésie sur leurs rafiots branlants. Il fallait du courage pour prendre ainsi l'océan. En cette époque de migration sauvage, l'Histoire vient nous rappeler qu'elle est un éternel recommencement. On l'oublie trop souvent.

Bien que venant de l'Océan Pacifique, ces premiers habitants ne devaient pas être très accueillants, de vrais combattants. Même le Capitaine Cook  a eu peur de s'y frotter (1770) et à repris le large. Les colons Anglais ne sont revenus en masse que plus de cinquante ans plus tard. Surtout pour faire la nique aux Français, présents sur les zones de pêche de la baleine (1830). Après le traité de Waitangui (1840), le métissage de la culture maori et celle des anglais à  certainement donné le fond du caractère néozélandais. Je prétends aucunement ici faire preuve d'érudition. Je ne me fais que quelques réflexions... et donne mon opinion.



Un jour de mes 13 ans, j'ai dû quitter le calme de mon village pour suivre une envie. Comme bien des garçons, je voulais ressembler à mon père (tous ne le disent pas). La vie et mon envie m'ont conduit à voyager dans de nombreux pays. Et chaque fois, j'y ressens l'identité de leurs habitants que par idéologie et laxisme (ou faiblesse) en France, on ne veut plus nommer. Et j'enrage, de voir que l'on reste engoncés dans nos craintes alors que le monde d'aujourd'hui est ouvert et que l'on peut y rentrer avec facilité. Le plus dur est de partir la première fois...

Quand vous débarquez dans un endroit inconnu si vous n'avez pas confiance en vous, tout peut vous arriver. Et qu'est-ce qui fait que cela n'arrive pas: votre histoire et votre éducation.

Quand vous êtes Tarbais et que vous allez même chez les toulousains, vous n'êtes pas du tout sûr d'être bien accepté; si vous allez plus loin, alors rien n'est plus certain.

 








Une statistique d'audience media nous dit que pour un match de rugby  des All Blacks il y a 3 millions de téléspectateurs pour suivre l'évènement, mais qu'au moment du haka il y en a le double; femmes, enfants et grands-parents sont là.




Tous les peuples polynésiens font leur haka. Mais celui des All Blacks est estampillé marque internationale, vraie identité. Pour un évènement de famille important, tout nu ou endimanché, c'est par ce rituel que vous commencez. Après, la fête peut se dérouler. Il a été fondé en Nouvelle Zélande en 1810, par un chef maori qui certainement avec l'arrivée des blancs sentait l'unité de son peuple un peu menacée dans son intégrité. 

Le haka est le rappel d'un esprit guerrier qui est à la racine des peuples de l'ïle du sud comme de celle du nord. Il est le fondement des racines des gens de ce pays. Partout où vous allez l'esprit des maoris est mis en avant. Au musée , dans la rue , chez les artisans et les bijoutiers, ils sont partout présents. Nous on a Astérix et Obélix, avec le temps, on a oublié Alaric et Vercingétorix.

Même la Nature mélange les origines pour trouver son originalité. Quand vous regardez la forêt, elle paraît inextricable. Les arbres de l'Europe plantés il y a 200 ans ont fait des petits et se sont mis à grandir parmi les natifs d'ici. C'est un joyeux mélange, une symphonie en vert qui se joue avec les nuages et les rais du soleil.






Dans la rue aussi vous notez le mixage de la société. Les anciens ont voulu ne pas faire de différence entre les gens de peau blanche et ceux de peau brune. Une chose est sûre, vous trouvez des gens pieds nus au coin de chaque  rue  et même au footing ou en trottinette, des bruns comme des blonds. 
Les rites maoris et ceux des colons sont  partout affichés. Cela vous est montré par toutes les églises, de toutes confessions. Il y en a partout, de toute dimension. Les catholiques sont plutôt petites, parfois cachées mais pour les autres de toute obédience, elles pètent le feu. La religion n'est pas tout, mais encore aujourd'hui et pour beaucoup de gens elle est un refuge. Au lieu de la combattre, il vaut mieux l'exposer. 



Chinois, vietnamiens, pakistanais et autres musulmans forment communauté mais dans l'esprit , ils sont à les voir d'abord Néozélandais.

Et quand vous parlez avec les gens, ils vous disent d'où viennent tous leurs grands parents. Les maoris sont très intéressés par leur généalogie.
Français nous remarquons facilement que nous sommes en pays saxon mais je me garde bien de dire que les Néozélandais sont comme les Britanniques. 

De ces derniers les kiwis gardent le pragmatisme, la pugnacité, le sens des réalités. Leur fierté d'être des Iliens et le revendiquer.

Ce pragmatisme a fait que ce sont ici que furent crées des matériels nouveaux, des activités qui ont fait le tour du monde. C'est un peu oublié: la viande surgelée, les isolateurs sismiques, le pistolet tranquillisant, la pompe à vide pour congélateur, la clôture électrique, le jet-boat, les distributeurs automatiques de timbres, les sabots larges des tondeuses à chevaux, la pompe à pétrole électronique, la moto la plus rapide du monde, le saut à l'élastique... Sur tout ce qui se passe sur l'eau, ils sont devenus experts!

Quelque part, la Nouvelle Zélande dans le Commonwealth a dû souffrir de la proximité de son grand voisin l'Australie alors dans leur esprit et pour se démarquer, ils ont ajouté la vitesse et la flexibilité.

Flexibilité pour continuellement s'adapter aux besoins de la vie d'aujourd'hui. On ne peut pas compter sur un magasin d'Auckland ? On achètera au Canada, aux USA ou encore à Taïwan. Ils accueillent les étrangers selon leurs besoins

Cependant vous constatez, que le gouvernement veillera à conserver une balance commerciale en faveur du pays; à faire attention de ne pas vivre au dessus de ses moyens, de limiter sa dette...

Enfin dans toutes les qualités que j'ai pu repérer, deux scellent le tout: la prévention et la solidarité. Cela paraît évident quand la terre sous vos pieds tremble à chaque instant. Pour comprendre cela il faut venir ici pour voir une ville blessée réagir fortement  afin de lutter contre tous les chocs que lui donne la terre. En discutant avec les gens c'est partout latent. A chaque mouvement vous êtes invité à agir avec précaution partout où vous allez.

Quand au milieu de la ville vous voyez les chantiers, l'équipement des gens qui la reconstruisent; vous ressentez  dans leur sérieux combien ils sont confiants pour leur propre vie et celle de leurs enfants. Ils construisent pour que les édifices ne s'écroulent plus, ils se mettent en conformité pour le XXIIème siècle. C'est ce que je ressens et c'est très émouvant.

Dans un si beau voyage, on ne pouvait terminer sur une note triste. Figurez vous qu'à aucun moment on n'a pu goûter d'huîtres. On avait fini par trouver le vin et même avoir le choix avec de très bons crus, mais pas trace de coquille d'huître. Dave nous avait dit qu'il en avait chez lui. J'arrive au magasin et file à la poissonnerie. Je n'ai pas vu d'huîtres. Je vais voir une dame pour voir si on peut commander. Et la voilà qui me prend par la main pour me les montrer. Je suis resté figé. 









J'étais passé à côté mais sûrement depuis Auckland; au naturel , elles sont décortiquées et présentées en boîte. J'ai hésité et je n'ai pas acheté.... Rentré à la maison j'ai ruminé toute la journée...Le lendemain, je suis retourné au marché. J'en ai pris une boîte...Elle est restée au frigo deux jours... Dur de se décider. Françoise m'avait glissé que je pourrai les faire chaudes.  Elle avait préparé son coup , huile d'olive et cheddar. Le persil et le thym sont au frais au jardin. 
Je voulais les goûter froides au naturel, mais Françoise hésitait. J'ai fait deux assiettes , un peu citronnées, ouvert en cas de besoin un nouveau Cabernet Sauvignon du Marlborough. Pain grillé et beurre. Avec celles de Charo et de Gérard, je prends moins de précautions. Au final c'était bon mais loin de la tradition. C'était le goût des huitres que l'on était venu chercher, sur le tard on aussi trouvé.  





C'est un petit pays me diront les aigris mais je ne le crois pas. Leur force est leur histoire et leur identité. Même sur un terrain de rugby ils savent l'exprimer, regardez les jouer, ils y sont tout entiers. 




Français, nous aussi nous avons notre histoire. On ne peut la changer, il ne sert à rien de vouloir l'ignorer, le cervelet de chacun d'entre nous en est bien imprégné. Il sait que nos aïeux ont fait la Révolution quand les rois ont oublié de compter avec eux. Attention à l'Histoire,  elle aime se répéter. 

La Nouvelle Zélande nous aura donné bien des joies, des découvertes, des moments partagés avec des gens qui feront des amis. Nous savons aussi que si nous devons revenir en Nouvelle Zélande, c'est ici à Christchurch que l'on passera en premier afin de voir cet effort colossal , cette vitalité  pour reconstruire la ville contre l'adversité couronnés de succès.



Michel Prieu

FD: Tous les personnages Maoris sont des photos de tableaux prises dans différents musées

Facebook: Michel Prieu

Mail: michelgolfpassion@gmail.com


Photos : francoise.devillechabrolle@gmail.com

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