Christchurch : 4 - Découvertes

Christchurch aura changé en profondeur notre vision de la Nouvelle Zélande. Nous avons la chance d'habiter chez Dave. Ancien journaliste de la presse écrite mais un taiseux. Un homme charmant, attentif qui se livre peu.

C'est au détour d'une phrase, d'un conseil qu'il vous donne sans avoir l'air d'y toucher que vous voyez son sens de l'humour, caché derrière un brin de nostalgie, peut-être de tristesse. Juste un voile pour ne pas vous crever le coeur. 

Ses fils sont pilotes de deux roues mais lui est en train de remonter une vieille moto dans le garage, totalement en pièces détachées. Pour la remonter il a du travail pour l'hiver. Les documents techniques sont sur la table. D'après lui, il n'est pas bon mécanicien, ses fils n'écoutent pas toujours ses conseils, il vous suggère que c'est plus facile de faire venir les pièces du Canada que d'Auckland. Il vient d'avoir une première petit-fille, la photo de son premier jour ouvre son ordinateur.  Dans nos conversations, la Nouvelle Zélande est un pays normal...

Pas tout à fait. J'écris ces lignes alors que le Japon vient être secoué par un tremblement de terre et l'Equateur aussi. Quand vous consultez le service GeoNet, vous vous rendez compte qu'il y a des mouvements chaque jour et parfois plusieurs fois par jour sur les deux îles.

Quand vous êtes dans la rue ou au stade comme samedi soir pour Crusaders-Jaguares vous sentez une retenue, un sérieux dans le comportement des gens. Vous entrez dans un stade provisoire  bâti sur les deniers publics pour honorer le Super Rugby. La World Cup de 2011 s'est passée sans un seul match ici. Christchurch est la ville non seulement du capitaine des All Blacks mais aussi de Dan Carter, Reid ou Dagg. Cela doit laisser des traces dans l'esprit des gens. Le cerveau (plus intelligent que nous mêmes) doit le sentir et adapter les comportements inconsciemment.

C'était émouvant samedi soir de voir la connaissance du public, vibrer  sans effusion de la bonne partie de son équipe. Juste une fierté. J'ai trouvé les Jaguares meilleurs que  lors des autres matches d'Auckland et Wellington mais les Crusaders sont solides avec un Israel Dagg qui surgit au moment où personne ne l'attend. Un Reid qui est vraiment le patron en N°8. Remplacer Carter? Il va falloir un peu de temps. Mais j'ai  vu du beau jeu avec deux qualités, vitesse des passes et solidarité. Solidarité, la marque de cette cité.

Cette ville est prenante par cette épée de Damoclès qui domine toute l'ile mais aussi parce que c'est très beau de la voir de redresser.  Pas seulement à Container City, mais alentour, les zones industrielles fonctionnent. Saisissant d'espérance de voir la tenue des édifices nouveaux, j'ai déjà parlé du "Chalice" resté debout mais que dire de la majesté du Christchurch Art Gallery Te Punao Waiwhetu. Il est beau et il a résisté. Il a fière allure. Il a servi de quartier général à la Défense Civile lors des tremblements de terre de 2010 et 2011.

Solidarité,... et générosité avec la création de la Cathédrale  Anglicane en carton, construite en 2012 pour remplacer celle détruite en grande partie ou tout au moins tellement fragilisée que les projets de rénovation offrent aux experts un champ de bataille conséquent. Les finances pour la reconstruire ne sont pas prêtes d'être réunies, vue les mouvements telluriques potentiels difficile défi... 

L'édifice conçu par l'architecte japonais Shigeru Ban est fonctionnel et élégant . Très claire la cathédrale peut réunir 700 personnes, dès l'entrée on s'y sent bien. Sa structure est en acier, bois et carton. Elle doit assurer son office temporaire durant 50 ans.

Générosité aussi pour les visiteurs. Nous avons vu hier Quake City qui retrace l'Histoire des tremblements de terre avec une énergie émouvante. C'était payant et cela nous a paru normal pour apprendre les particularités de la vie de ce pays.

Mais Art Gallery et Museum  au coin de Botanic Gardens sont gratuits. Une façon de vous inviter à venir visiter le Canterbury et la Nouvelle Zélande. 

Oui, venez voir la richesse de cette île du sud. Je venais pour comprendre les ressources des All Blacks en rugby. Cette magie du jeu, ils la prennent dans leur vie de tous les jours et dans tous les épisodes de leur tragique destin. Je suis bien plus riche aujourd'hui des idées que j'aurai trouvées ici. Parfois avec Françoise on se regarde et l'on n'y croit pas d'être là.

Les musées ne se marchent pas sur les pieds. Art Gallery fait dans le contemporain de manière ludique et didactique. Il y a les artistes résidents et les expositions temporaires. A y être, il crée l'évènement, c'est décapant.Une salle réservée au Canterbury, pour directement plonger dans la vie moderne.

Des objets d'artistes qui surprennent, dans toutes les matières et dans tous leurs états.

Muséum c'est plus classique mais l'art de dire beaucoup de choses sur un petit espace de la nature d'un pays, c'est très réussi. Bien sûr présentation  de origines maoris. Le travail des outils , la rôle des femmes, la pêche en particulier sur le waka, le canoe creusé dans les troncs de bois. Rappel lancinant qui ne nous surprend plus, car il est visible partout dans la vie de tous les jours. L'esprit maori irrigue la vie, c'est une identité forte de ce pays...de la fierté. Quand d'autres doutent des  leurs, vous m'avez compris, c'est une force de ce pays.

On passe des maoris à la vie du quartier avec les boutiques nécessaires à la vie. A l'étage c'est pour rappeler les costumes et les habits de toute la société civile et du clergé. 

Et oui .......
La maison ne recule
devant aucun sacrifice !!

La boutique de Françoise quand elle va s'installer ici pour préparer ses photos! 

Et l'on arrive dans un hall surprenant qui continue la nostalgie mais fait évènement : la radio. Régulièrement le musée fait concert!



Dans les étages , géologie, préhistoire....et espace des enfants. Ils sont partout présents, c'est vrai aussi que c'est l'avenir du pays qui se joue avec eux. Au milieu des inévitables asiatiques en rang  serré, il y avait une classe entière à Art Gallery et une autre de plus petits au Musée. Cela me fait rêver...pour les enfants une opportunité d'être mieux éduqué.

Michel Prieu

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