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Red Center : 4 - KC Wilderness Loodge - Karrke


Tout le long de la route, en parlant avec Françoise nous disions que même à Ayers Rock, nous n’avions pu rencontrer des Aborigènes. Nous n’avons jamais la radio en roulant, on discute de ce que l’on a vu ou de ce qui nous attend et tout ce que l’on voit est nouveau, pas assez de nos yeux pour tout apprécier. 
La rose du désert du Territoire du Nord

Nous avons du mal à comprendre cette scission du peuple de l’Australie. Nous sentons que les Aborigènes sont attachés à leur culture; comment effacer 40000 ans de vie dans le bush en 250 ans ? Surtout quand on vous en a été privé brutalement ? 
Mes seules références de compréhension sont celles que j’évoque souvent de mon enfance à la campagne. J’ai toujours eu l’impression que c’était un avantage de découvrir la nature très jeune, tout ce que m’ont appris mes grands-parents et mes parents me reste en permanence à l’esprit durant tous les voyages. J’ai aussi des références professionnelles car j’ai travaillé durant 4 ans pour les agriculteurs du monde entier dans une usine de matériel agricole à restructurer.










J’en étais là de mes réflexions quand Françoise me dit que le jeune homme entrevu à l’accueil de KC Wilderness Lodge était en mesure de nous faire rencontrer un couple, Christine et Peter, qui dirigent KARRKE, une expérience de la culture aborigène. Le temps est limité car nous repartons demain mais nous aurons gentiment rendez-vous en soirée…
Salut Nicolas !!!

Avant cela, un peu de temps pour discuter avec Nicolas. Qu’est-ce-qu’il fait là ? Le tour du monde, …à vélo. Mastère de tourisme en poche, il a quitté Perpignan pour faire son expérience, un truc dont beaucoup de jeunes rêvent et très peu réalisent. Lui, le fait et y prend du plaisir montrant en même temps un caractère bien trempé. Sept mois qu’il s’est posé là et vous donne envie d’y rester plus longtemps. Il a sur la vie des avis tranchants, décapant de discuter avec lui, un grand plaisir aussi.



Il nous a accompagnés à deux pas du Lodge sur le terrain aménagé par Christine et Peter. Si vous passez ici, arrêtez-vous les voir, en plus d’être charmants, ils vous montreront en peu de temps à quoi tient la vie dans le bush. C’est très enrichissant. En tout cas sans se plaindre et avec un brin de gaité Christine et Peter nous ont donné des clés pour comprendre leur passé et imaginer un peu mieux l'avenir de leur propriété: la Terre d'Australie.



Actuellement eux sont sûrs de leur savoir pour vivre dans le bush et ils ont décidé de faire un lien avec les gens qui passent près de Kings Canyon. Je trouve leur idée riche d’avenir pour beaucoup de raisons. J’y reviendrai à la fin du voyage que nous faisons. 
Comme je l’ai dit plus tôt, si une terre est sacrée c’est bien le bush, il leur donne à manger et avec ce petit Tour aménagé, ils vous font partager. Le travail dans la famille est bien réparti. 

Principales graines et baies récoltées
dans la bush
Les hommes sont chasseurs les femmes font la cueillette et s’occupent de préparer à manger, d’élever et former les filles à leur vie future. Les garçons apprennent en faisant avec les hommes. La loi est stricte, les jeunes apprennent des anciens, la transmission du savoir est essentiellement orale. Certaines spécificités en médecine en particulier sont plus rares et connue de peu de gens,  les nangkaris. Ils soignent le corps et pas l'esprit.


Préparation des onguents qui soignent





En fonction de la saison, les femmes et les jeunes filles vont chercher les baies, les graines et les protéines qui se trouvent sur les arbres ou dans les racines. Les plantes médicinales sont aussi cueillies et préparées. Aucune n’est ingérée. Les soins se passent en externe par  des applications, des massages ou la respiration.



Principale source de protéine : des larves qui se nichent dans les racines d'Acacia : witchetty grugs 

Il est gaillard celui là !!!
Quelques minutes dans la braise
et c'est bon à déguster...























Malgré la tête de Michel, ne rigolait pas, c'est pas mauvais du tout, un petit goût d'oeufs brouillés... avec le breakfast c'est parfait !!!

Les hommes ont leurs outils pour chasser et les femmes aussi. Vous verrez comment sont préparés les grattoirs des dames pour trouver les racines et qu’elles utilisent aussi pour les cérémonies. Ils sont décorés au fer chauffé au rouge et racontent la vie de la famille ou de la personne. Le clan vit sur un territoire dont les frontières sont dans le savoir des anciens et dans le clan il y a plusieurs familles. Pas d’administration dans les terres aborigènes, la sagesse et peu d’agressivité…

Vous verrez aussi comment les hommes préparent leurs boomerangs. Nous avons l’image des boomerangs qui reviennent, ce n’est pas la tradition du centre de l’Australie. Les boomerangs servent à chasser les kangourous, les chiens sauvages (ou dingos) … au ras du sol. Il y a les armes pour les dames, courtes et légères (sorte de gourdin, style matraque des policiers), de forme différente et plus lourdes pour les hommes.  
Un objet fabuleux aussi qui permet de balancer à grande vitesse les lances pour attraper les kangourous ou les oiseaux. Cela me rappelle nos jeux d’enfants avec les flèches lancés avec une cordelette. J’avais appris cela de mon grand-père. J’étais le seul garçonnet à avoir des flèches avec l’empannage en feuille d’aluminium. Un signe du destin que cette matière qui bien plus tard, changerait ma vie.

Trés joli tableau de Christine illustrant "les Arbres médecine"


Ces quelques moments passés avec Christine et Peter nous ont beaucoup appris et ils resteront longtemps dans notre cœur. Pour cette fois Nicolas a fait le lien et l’a enrichi du savoir qu’il a acquis sur ces terres par ses activités. En 7 mois il a été embauché comme garçon de ferme pour prolonger un contrat comme il le désirait. Ses connaissances sont profondes et son goût de partager avec les autres en fait un guide apprécié. Quand il est en congé il part comme volontaire travailler avec les Rangers pour mieux assurer ses connaissances et ce qu’il pourra raconter à ses clients de passage. Dans le bush, la coopération des Rangers et des Aborigènes est un pas important pour l’avenir; si les Aborigènes ont un savoir, les Rangers apportent tout le poids de leur organisation scientifique et du recueil des savoirs. Ils construisent la mémoire des lieux qu’ils administrent. Et vous le savez, pour l’avoir déjà écrit, on apprécie beaucoup le travail pédagogique qu’ils bâtissent pour nous faire comprendre la Nature qu’ils sécurisent.
KC Wilderness Lodge est une toute petite enclave écologique d’une propriété d’élevage de …1800 km². Une étape où vous pouvez tout apprendre de la nature du bush comme vous ne l’avez pas imaginé. Ce domaine a été fondé par Georges Hablett qui travaillait pour la station de télégraphe d’Alice Spring. Il était forgeron et s’est marié avec Polly, jeune aborigène employée au service du chef de station du télégraphe. Du coup cette histoire a donné un sens à notre futur passage à Alice Springs. Il est plus facile de comprendre la philosophie du domaine qui a prospéré depuis et qui donne la puissante émotion que l’on trouve dans ces lieux. Il y a une cohésion étonnante entre KC Wilderness Station, au bord de la route à des lieues du plus petit hameau, KARRKE et KC Wilderness Lodge. Une étape importante de ce voyage....
Une évolution que nous ne sentons aucunement en ville et qui nous rendaient triste de voir cette scission dans cette Australie qui de plus loin nous paraissait unie et qui en arrivant en ville le paraît beaucoup moins. A Wilderness Lodge en peu de temps nous avons tissé quelques liens. Voir Alice Springs devient important, se tremper dans Brisbane un autre moment et surtout Darwin pour connaître la vie d’une autre tribu.
Le matin au petit déjeuner l’air était plus guilleret. Nicolas, Christine et Peter avaient livré quelques secrets. Pas moyen de partir sans parler de golf, Gunter le nouveau chef de cuisine du Lodge en est passionné. A notre tour en échange de tout ce que l’on a appris, on a laissé quelques clés aussi. 

Nous pouvions partir, 260 km de route et de piste à avaler où l’on ne savait pas bien ce qui nous attendait. Le temps est à la pluie et je ne sais plus depuis combien de temps je n’en ai pas vu. En route pour Glen Helen…en partant, je pensais que vraiment dans le désert on peut passer sa vie.


Michel Prieu


Facebook: Michel Prieu

Mail: michelgolfpassion@gmail.com

Photos : 
francoise.devillechabrolle@gmail.com



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